Le téléfilm de Francis Reusser " Voltaire et l'affaire Calas" a été diffusé sur la TSR et sur FR2.
L'histoire:
A Toulouse, le 13 novembre 1761, Marc-Antoine Calas est découvert mort étranglé dans la maison Familiale. Son père, le calviniste Jean Calas, est injustement accusé de l'avoir tué pour l'empêcher de se convertir au catholicisme. Le 9 mars 1762, Jean Calas est condamné à mort. Le lendemain, il est roué, étranglé et brûlé. Voltaire érigera alors ce "fait divers" en un symbole de l'intolérance et du fanatisme. Il mènera un combat pour la réhabilitation des Calas qui remuera l'Europe entière.
Pourquoi j'ai eu envie de tourner Madame Calas...
Mon personnage: Je suis la femme de Jean Calas, Anne Rose. Egalement accusée de meurtre, mon personnage est aussi condamné à mort, mais je serai finalement libérée et réhabilitée grâce aux actions de Voltaire.
J'ai choisi d'interpréter ce rôle d'Anne Rose Calas, car il revendique la justice, la vérité: une rage intérieure sourde en moi, il est bon de la faire transparaître. J'ai été heureuse d'avoir joué avec peu de mots mais avec une rage certaine: la revendication d'un désir de justice.
Je trouve ce film d'une grande modernité: les mots tels que "la tolérance, l'intégrisme religieux, la justice" résonnent dans ce nouveau siècle. Que cela nous interpelle! J'attends d'ailleurs de nos philosophes, nos intellectuels, de nos politique le même combat contre l'injustice, pour le réveil des consciences que le fit Voltaire en son temps.
J'ai eu beaucoup de bonheur à tourner avec Francis Reusser, qui est en même temps précis mais libertaire. Tout ce que j'aime. J'aime proposer des idées, des gestuelles, des émotions. J'aime quand le metteur en scène les prend au vol. J'ai été ravie de la belle complicité avec François Germon, acteur suisse qui joue mon mari. Et tout de même triste de n'avoir pas eu de scène avec Claude Riche: magnifique Voltaire, tout à la fois pétillant et émouvant, sarcastique et généreux.
J'étais ravie de porter à nouveau des costumes d'époque qui vous plongent directement dans un rôle, dans un siècle, dans une façon de voir la vie de l'autre côté du miroir.
Comme le dit Francis Reusser:
"Il s'agit de faire de Voltaire et l'affaire Callas, une affaire d'aujourd'hui, d'en dégager l'actualité profonde et durable, s'agissant de la morale civique, des rapports entre le politique et le judiciaire, de la place du religieux dans nos sociétés enfin laïques, ou presque. Ce mot, presque, dit le mieux l'urgence du débat soulevé par Voltaire. C'est le rôle des intellectuels, les manifestations de l'opinion publique qui sont en jeu dans le souvenir du sort tragique de Callas. Tout cela ,il faut l'écrire (le filmer) avec notre perception du moment, plus souple, plus rapide qu'alors.
La relecture du passé n'est pas nostalgique ni peureuse de présent, lorsqu'elle a pour objectif de faire progresser la raison et la conscience morale d'une société. La nôtre n'en a pas fini avec le mal, loin s'en faut. Au moins se doit-elle de le connaître et de l'encadrer dans le droit, avec les meilleures armes, celles des penseurs, des philosophes et des citoyens, devenus responsables parce qu'avertis."