Pascale Rocard: l’esprit de famille
Avec son petit panier à la main et ses yeux bien écarquillés, elle ressemblait au chaperon rouge en arrivant dans la cuisine. Depuis 18h00, elle arpentait les environs : « je déteste être en retard ». Il y a des femmes, qui la quarantaine passée, gardent des allures de petites filles sages. Elle pourtant, avec ses 20 ans de carrière de comédienne, elle a du en voir des grands méchants loups. Mais les loups ne lui ont jamais fait peur. D’ailleurs, son mari de réalisateur et guide valaisan Pierre Antoine Hiroz en a fait un film, il y a quelques années.
Depuis qu’elle s’est installée à la montagne « par amour d’abord », elle a appris à se calmer, dit-elle, à se poser. Mais sous ses airs de femme épanouie qui a suivi l’enseignement du Dalaï Lama cet été à Zürich, elle bout. Par instants même, l’ébullition la trahit. Lorsqu’elle parle d’égalité hommes-femmes, de crèches ou d’intégration, la voilà, traçant avec ses mains de grands cercles autour d’elle, comme les hélicoptères dans « Sauvetage », la série qu’elle a imaginée avec son mari. C'est alors qu'on ne sait plus très bien s'il s'agit de son personnage qui monte sur scène ou si c’est au contraire la comédienne qui a vraiment posé les pieds sur terre.
C’est difficile de recevoir des comédiens. Pourtant, en apparence, tout les prédispose à ce type de rencontre : ils sont généreux, expressifs, intelligents, cabotins pour certains. Et il y a un peu de tout ça chez Pascale Rocard. Et pourtant, c’est difficile de recevoir des comédiens. Leur rapport à la caméra est d’un ordre si intime, qu’ils ne peuvent pas complètement l’oublier. Alors ils jouent avec, ou même contre, parfois. Mais jamais sans.
Toute la journée qui a précédé sa venue en ville, Pascale Rocard s’est activée en cuisine. Elle a fabriqué du pain aux céréales et un gâteau au chocolat. « J’ai promis à Juju - c’est ma fille - que je lui en ramènerai une part » qu’elle nous a dit au moment de le découper avec l’équipe. Je les ai alors imaginées, toutes les deux, à Verbier, dans un univers jaune tournesol « ma couleur préférée », rieuses, et j’ai regretté un instant, que les caméras n’aient pas plutôt filmé ça.